Onchopristis numidus

L’Onchopristis numidus, décrit par Haug en 1905, est un genre éteint de poissons-scies (Pristidae) qui vivait il y a environ 100 millions d’années, au Cénomanien (Crétacé supérieur), dans les systèmes fluviaux et les estuaires de ce qui est aujourd’hui le Maroc.

Le rostre (ou “scie”) d’Onchopristis n’était pas un os, mais une extension cartilagineuse plate et longue du crâne. Cette extension était bordée de dents insérées dans des alvéoles.

Les dents rostrales d’Onchopristis numidus sont immédiatement reconnaissables et distinctes de celles des poissons-scies modernes ou d’autres espèces fossiles :

• Couronne : La dent est large à la base et s’effile en une pointe acérée. Sa face principale est souvent plane ou légèrement convexe.
• Barbelure (Aiguillon) : La caractéristique la plus distinctive est la présence d’une ou plusieurs petites pointes secondaires, ou barbelures, situées sur le bord postérieur (arrière) de la dent. La plupart des spécimens classiques d’O. numidus présentent une seule barbelure robuste et tournée vers l’arrière, lui donnant l’aspect d’un harpon ou d’une dent crochue.
• Racine : La base de la dent est élargie et s’insérait dans le rostre cartilagineux.

Le rostre entier, garni de ces dents barbelées, était un outil multifonctionnel et redoutable :

1. Chasse : Le requin l’utilisait pour frapper rapidement et étourdir les bancs de poissons et autres proies dans les eaux boueuses.
2. Défense : Il servait de dissuasion contre les grands prédateurs (notamment les dinosaures semi-aquatiques comme Spinosaurus et les crocodiliens géants).
3. Localisation : Le rostre était équipé d’électrorécepteurs (ampulles de Lorenzini) qui permettaient à l’Onchopristis de détecter le champ électrique de proies cachées dans le sédiment.

Les fossiles d’Onchopristis numidus proviennent massivement des lits de Kem Kem, près de Taouz, dans l’est du Maroc.

La dent rostrale d’Onchopristis numidus est un fossile clé pour plusieurs raisons :

• Elle atteste de la présence d’un système fluvial massif et riche en nutriments au Cénomanien du Maroc.
• Sa morphologie unique montre une spécialisation extrême dans le mode de vie du poisson-scie, adapté à un environnement dominé par d’énormes carnivores.
• C’est l’un des rares fossiles de vertébrés marins/dulcicoles qui aide à dater et à caractériser les célèbres lits à